@Saywho_Jean Picon

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Marine de Quénetain grandit à Paris avec une mère finlandaise et un père français. Ses parents respectivement styliste et chef d’entreprise lui transmettent la force et l’idée que l’on peut être libre et passionné par son travail. Éveillée à la créativité, à la couleur et au design, Marine rêve d’une carrière artistique et intègre l’ESAG Penninghen (école d'architecture intérieure, de communication et de direction artistique française) dans la section direction artistique et graphisme, et termine son cursus avec une thèse sur l'héraldique (la science des armoiries).

Après son diplôme en 2009, l’entreprenariat lui fait de l'œil et elle cofonde avec une ancienne camarade, Manon Dugravier, un studio de graphisme et de mise en page (M2D2, en écho à leurs initiales). Des clients prestigieux font confiance aux deux créatives (Les éditions La Martinière, Hachette, Van Cleef, Hermès, LVMH etc) et confortent Marine dans l’idée que le dessin sera son destin.

En 2014, persuadée qu’elle doit se faire connaître par le plus grand nombre pour vivre de sa passion, elle décide d’envoyer une newsletter présentant son travail à tous ses contacts LinkedIn. Un rédacteur en chef d’un grand groupe de presse (Mondadori) la contacte aussitôt et lui offre une collaboration régulière dans un de ses titres phares, Grazia. Pendant un an, elle illustre les billets d’humeur d’une éditorialiste.

C’est aussi à cette période qu' elle décide de partager chaque semaine une de ses illustrations sur Instagram. Elle y publie notamment ce qui deviendra son dessin phare : une “dream shelf” (étagère de rêve) avec une vingtaine de produits de beauté qu’elle rêve d’avoir, dont Glossier. Elle décline son dessin en coque d’iPhone, et se réveille un jour taguée par Emily Weiss (fondatrice américaine de Glossier) sur Instagram. Tout s’emballe. Les contrats pour les marques de beauté en Angleterre et aux États-Unis s’enchaînent. C’est ensuite Gwyneth Paltrow ou encore Kourtney Kardashian qui repostent ses étagères, lui offrant encore davantage de visibilité à l’international.

Ainsi, de 2015 à 2019, Marine de Quénetain illustre pour des marques prestigieuses de mode, de beauté et d’art de vivre des femmes dans leur quotidien, toujours en lien avec une humeur, une envie, une réflexion, ou une actualité.
Une collaboration avec une entreprise engagée et éco-responsable en 2019 agit comme un catalyseur dans sa carrière. Prenant conscience des enjeux du monde qui l’entoure et de l’impact qu’un dessin peut avoir auprès des gens, elle décide de concilier son travail et ses engagements en ne travaillant qu’avec des marques qui ont un ADN ou un discours en résonance avec ses valeurs : l’inclusivité, la responsabilité écologique, le féminisme et la conscience. Elle vit à Paris avec son mari et ses deux enfants.

Clients : LVMH, Hermè, Chanel, Boucheron, Goop, Louboutin, Estée Lauder, Van Cleef & Arpels, Centre Pompidou, Soho House, Elle, Glossier, Furla, Caudalie, Kérastase, L'Oréal, Phyto, Maisons du Monde, Holidermie et bien d'autres.


Q&A Univers & Engagements

Passionnée et engagée, Marine de Quénetain met ses valeurs d’engagement, d’inclusivité et d’éco-responsabilité au service de son travail.

À quel moment avez-vous eu une réelle prise de conscience dans le cadre votre travail ?

En 2019, j’ai collaboré avec une marque de gourdes éco-responsable, Obazine. Cela a eu l'effet d’une bouffée d’oxygène dans mon parcours. J’ai pris conscience de l’impact du plastique, des déchets sur la planète et je me suis rendue compte que je ne pouvais pas ne pas l’intégrer dans mon travail. C’était mon quotidien, j’avais besoin d’une vraie cohérence de discours. Ce qui m’a rassurée, c’est de travailler majoritairement dans le secteur de la beauté. La mode se veut de plus en plus circulaire, tandis qu’avec la beauté, c’est impossible. On a tous.tes besoin d’un savon !

Comment a évolué votre travail au fur et à mesure des années ?

J’ai essayé d’intégrer mes valeurs dans mon travail. Par exemple, en 2020 j’ai collaboré avec le centre Pompidou pour l’exposition Matisse. Ils n’avaient pas produit d’objets dérivés car les ayant-droits avaient interdit la reproduction des œuvres, j’ai dû en réinterpréter deux de mon choix. J’ai adoré l’idée de la démocratisation de l’art et de rendre un musée accessible par l’intermédiaire d’un parapluie ou d’un éventail. C’est cette approche qui m’intéresse.

Ainsi, j’ai cherché au fil des années à travailler avec des marques qui comprennent mes valeurs. C’est d’ailleurs pour ça souvent qu’elles se rapprochent de moi. Les engagements sont vertueux à toutes les échelles.

Parmi vos engagements figure celui du féminisme. Quelle place tient-il dans votre vie et votre travail ?

Mes parents m’ont toujours dit que je pouvais faire tout ce que je voulais, je ne me suis jamais considérée à proprement parler comme une féministe. Grâce à des autrices et des femmes engagées, je crois avoir effectué une vraie prise de conscience du féminisme que je connaissais pas, que je rejetais presque. Les livres “Beauté fatale” de Mona Chollet, “Une chambre à soi” de Virginia Woolf et le travail de Lauren Bastide (fondatrice du podcast féministe La Poudre) m’ont réveillée.

Grâce à elles, ma représentation des femmes a changé. Je me suis mise à dessiner des femmes de couleurs, d’essayer de représenter tous les corps. Les images nourrissent un récit qui dicte une norme avec laquelle j’essaie de prendre des distances. En tant qu’artiste et illustratrice, on a un rôle à jouer : c’est de représenter le monde tel qu’il est. Aujourd’hui, je n’envisage pas la beauté de la même manière. Je considère qu’elle est également un pouvoir, j’ai envie de m’en servir. Je souhaite démocratiser un discours, ne plus jouer sur le manque de confiance en soi ou la peur de vieillir.

J’aimerais aussi plus m’engager pour l’entreprenariat féminin. Peu de femmes parlent d’argent, or il est un vecteur essentiel de l’émancipation. Il y a encore des plafonds de verre à faire sauter.

Comment définiriez-vous votre engagement ?

Aujourd’hui, je dirais qu’il est global. Je suis très sensible aux questions environnementales et écologiques. Je crois aux démarches vertueuses. J’ai également très envie de m’engager davantage pour la culture et d’élargir mes perspectives créatives. Par exemple, j’aimerais accentuer la partie de mon travail que j’effectue à la peinture. C’est plus écologique que le 100% digital. Je me dis que cette technique qui s’inscrit dans une démarche slow, manuelle et artisanale a peut-être plus de sens ? Je suis persuadée que l’artisanat et le fait de faire quelque chose avec ses mains est l’une des solutions aux maux de notre société.

Texte : Ophélie Meunier